Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il se caressait la barbe, regardait toujours ses ongles. Il avait l’air de se chercher des poux qu’il voulait tuer.

— On vieillira, que je lui répondis en rigolant.

— On vieillit même très vite à Ar-Men, fit le patron galonné, qui ne riait pas, peut-être parce qu’il savait ce qu’il disait. Seulement, nous vous prenons à cause de l’autre, là-bas, qui décline. Malgré son expérience, il a besoin d’un luron pour le renforcer. On ravitaille à Ar-Men. Est-ce que vous savez cela, mon brave ?

Moi, je ne savais rien, sinon que j’étais content.

— Oh ! que je dis honnêtement, demeurer planté en mer ou s’y promener, c’est toujours la même salaison. Je ne crains pas les corvées, j’en ai vu de plus dures.

— Vous avez fait les échelles du Levant, comme chauffeur, avec le capitaine Dartigues ?

— Oui, Monsieur.

Et je me mis au port d’armes.