Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/144

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ment. Puis c’était dimanche, il y avait des enfants plein les rues. Les bras me tombaient le long du corps.

Je croyais tellement faire la fête, oublier cette galère et le vieux, surtout le vieux !

Je m’en allais mains ballantes, hors ville, vers la pointe du Minou. D’instinct je me dirigeais du côté d’un phare…

Je marchais le front bas, les yeux cuisants, regardant avec stupeur mes pieds qui foulaient de la terre. Cela seul me donnait du plaisir. Peu à peu ça devenait la campagne, des ravinements de falaises autour des forts couverts d’un gazon salé ; il y eut des arbres maigres, des guinguettes peintes en feuilles fausses, encore de l’herbe plus épaisse, plus vraie, quelques rochers, des vaches paissant, et par éclaircie, entre des collines s’abaissant, un horizon grisâtre d’un bleu d’acier : encore la mer.

J’arrivai pas loin du phare, devant une petite maison isolée. Il se mit à pleuvoir. À Brest, même en juin, il pleut toujours.