Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/150

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face, qui se moisissait sous l’averse. La belle nature, quoi

— Vous n’êtes pas d’ici ? interrogea la petite, clignant ses yeux effrontés de gamine qui se paye la tête du client de sa tante.

Je devais avoir la tournure d’un idiot.

— Non… c’est-à-dire… je crois que oui, Mademoiselle.

Et je me mis à sourire un peu.

On causa, de loin en loin, du temps si minable et des bourrasques de l’avenir. Je conservais la terreur folle des questions sur le grand naufrage. Elle ne me questionna point. Peut-être ignorait-elle cette catastrophe. J’appris que le phare du Minou était très visité par les gens de la ville et même des étrangers.

Petit à petit, je m’entraînais à la suivre, car elle parlait fort vite, d’une voix brève, contrairement aux filles de Brest, qui chantonnent d’accent. Quand elle s’arrêtait, ses doigts festonnaient son fichu, manière timide qui ne cadrait guère avec son ton décidé.