Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/17

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et de me tenir prêt le lendemain, au second coup des forts.

Le petit sec me glissa, d’un ton miel et vinaigre :

— Surtout pas de bordée, pas d’histoires de jupes, mon garçon. Nous demandons des gens sérieux, assez éprouvés par la vie pour ne pas la regretter, vous sentez bien toute votre responsabilité, n’est-ce pas ?

Je n’avais pas réfléchi depuis ma naissance au monde. Ils m’embêtaient crânement, les patrons, et leurs petits soins. C’était comme le ronron des mouches à viande ; ils m’endormaient. Je n’avais pas pourtant l’aspect d’une demoiselle. Ils me firent aussi remarquer que j’étais un privilégié, que l’on me choisissait sur le tas des dix autres, rapport à ma figure, une bonne figure de hibou. J’étais triste et maigre de corps comme tous les chauffeurs que le vent du feu dessèche. Je ne regrettais rien, n’ayant rien à quitter, ça se devinait de reste.

Le bouquet, ce fut le patron, qui, me mon-