Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/189

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— Elles ont du vice, je crois, toutes les deux, pensai-je gaiement.

Moi, je n’avais pas de vice. Je voulais le meilleur de leur amour. Pour la première, c’était pas possible, car le verre avait été vidé souvent, le verre de ses lèvres rouges, pimentées d’un sourire canaille. Mais la seconde me garderait tout le vin pur de ses caresses, et je serais, pour elle, un tendre frère joueur qui ne lui prendrait que le permis… du jeu… laissant venir le soir de ses noces. Oui, ma petite sale mauresque ressemblait à Marie, ma promise, et leurs deux jolis corps de jeunes brunes ardentes, je les comparais l’un à l’autre, n’en connaissant bien qu’un.

Leur corps ?… Là, ma petite amie de Malte portait un signe rond, une lentille noire. Il était tellement rond et tellement noir, ce signe, dans le lait de sa gorge, qu’il paraissait se détacher de la peau comme un petit astre entouré d’air, un petit astre entouré de fluide et nageant, volant, vers les lèvres amoureuses.