Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/235

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qui essaye de se sauver, et je me mis à nager ferme, tantôt dessus, tantôt dessous la vague, m’efforçant de tourner dans la giration naturelle du courant, n’espérant pas grand’chose.

J’atteignis le bas de l’esplanade, et je fus roulé sur la pente, repris, relancé par l’eau qui jouait avec moi comme avec un bouchon.

Si la mer avait été plus violente, elle m’eût mis en morceaux, mais elle venait de faire la noce, et elle semblait fatiguée de tuer du monde.

Je me retrouvai presque debout devant l’escalier nord.

Alors mes dents claquèrent. J’eus un frisson, et je retombai sur les dalles visqueuses, n’ayant plus ma connaissance.

Le vieux me soigna. (Quels soins, mon Dieu !)

Je passai huit jours au lit.

Il m’avait ramassé au bord du roc, ne comprenant pas pourquoi j’étais étendu là, tout mouillé, paquet de linge sortant de la lessive.