Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/256

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Et je me rappelais aussi sa drôle de recommandation de t’arroser d’alcool.

Enfin, quoi, il n’allait pas pourrir quinze jours à côté de moi, lui qui pourrissait déjà au fond du charnier de son âme depuis tant d’années ?…

Ah ! bien non, je le jetterais plutôt dans l’océan.

Cas de force majeure, n’est-ce pas ?

À la mer comme à la mer !

Lorsque je redescendis, je le retrouvai couché, bien sage, ne remuant ni pieds ni doigts.

Ses yeux se fixèrent sur les miens, affectueusement, d’une couleur toute tendre, il me dit, d’un accent que je ne lui avais jamais entendu :

— Mon pauvre Jean, je suis fini.

Ce fut comme si mon père, mon vrai père, me parlait.

Je me mis à genoux près de lui, pleurant et oubliant mes réflexions égoïstes.