Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/258

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Ennemis ? Non ! Seulement étrangers.

— Père Mathurin, dites-moi ce qu’il faut faire. Je vous obéirai.

Je le traînai, ce grand cadavre qui causait, retrouvant la vie de la raison, et je le plaçai sur sa couchette, en face de notre foyer.

Il voulut boire, je lui offris du vin.

— Non, fit-il, donne-moi de l’eau…

Il en but deux gorgées.

— Elle est amère, l’eau, murmura-t-il. Est-ce qu’elle est toujours comme ça ici ?

Lui n’en buvait jamais.

— Elle est douce, père Mathurin… d’ordinaire. Voulez-vous du sucre ?

— Non, merci.

Et ses yeux se fermèrent un instant.

Il avait dit : merci ! Je ne savais plus quoi inventer pour le remercier à mon tour de se montrer brave homme.

Ce n’était pas sa faute s’il était si sale.

Ce n’était pas sa faute s’il était si méchant.

Quelque chose avait dû passer sur lui, l’étei-