Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/262

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Il tressaillit douloureusement.

— La barque ! La barque ! répéta-t-il.

— Quelle barque, père Mathurin ?

Il se penchait pour regarder la mer, semblant guetter réellement une voile.

La mer dansante ne faisait danser personne.

— V’là que ça le reprend ! soupirai-je.

Je le veillai, immobile à côté de lui, les bras croisés.

C’était l’agonie qui arrivait. Il ne verrait point la troisième attaque, et je resterais en tête à tête avec un cadavre, cette fois, tout à fait mort.

Quinze jours… sans pouvoir l’enterrer !

— Mon Dieu, dis-je tout haut, protégez-nous !

Dieu nous protégeait visiblement, car il nous faisait grâce de la tempête. Là-haut, les lampes flambaient tranquillement, durant que le gardien-chef coulait sa dernière huile.

Vers minuit, comme je descendais de la lanterne, le vieux me sembla presque bien.