Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je regardais au balcon, sur les créneaux du chemin de ronde, et j’écoutai, un moment, gémir la harpe de cordes que tend le fil de glissade avec ses palans. Tout se comportait honorablement. Nos lampes flambaient haut et pur ; dans la soute, les provisions de chauffe ne manquaient pas. Certes, je pouvais dormir. Le vieux se relèverait parce qu’on fait son métier sans même le vouloir quand on a vingt ans d’habitude sur le dos.

Je me mis au lit tout vêtu (j’étais si fatigué !) après avoir fermé soigneusement la porte du côté du feu. Cependant on y voyait encore comme en plein jour. La réverbération venait avec une chaleur énorme par des fentes du bois. Ça faisait des ficelles de lumière qui dansaient, voltigeaient, me chatouillaient les joues en ailes de mouches à miel. Ça m’embêta tellement que je me tournai vers le mur. Là je vis la photographie de mon ancienne, la petite mauresque, et je me mis à lui rire tout de même en m’endormant un peu. C’est-y que je dormais bien ou