Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/52

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un pas de monteur de veille, le pas éternellement las et mesuré de ceux qui girent dans la spirale intérieure depuis de longues années. Un coup de hanche, un coup de talon ; ils se rappellent d’anciens ponts de navire, le roulis des premières grosses barques de pêche, et puis ils vont au feu, les yeux déjà rouges, pleurant du sang à force d’avoir vu danser la flamme.

Mathurin ne devait pas marquer cinquante ans. Ce qui le faisait si laid, c’est qu’il n’avait ni barbe, ni pattes de lapin ; il était tout nu de visage, le nez retroussé à en montrer la morve, la bouche vineuse à croire qu’il sortait de boire.

— Sacré tonnerre, que je me dis, faut éclaircir cette histoire-là. Où a-t-il appris à sonner comme ça, l’ancien ?

Je me levai, je me secouai, et je lui emboîtai le pas.

Au lieu de traverser par le vitrage, il s’engouffra sur le chemin de ronde. Je le suivis, je ne pouvais pas reculer, naturellement, derrière