Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La barque aborda doucement toute seule, criant un peu de la quille sur le sable.

Je l’avais enlevée, cette fille, pour fuir les disputes, la croire un moment rien qu’à moi, loin de sa maison aux guirlandes fanées de vieux ballons turques ; elles sont libres, les petites de là-bas, elles peuvent suivre l’homme toute une journée de bon temps. C’est pour elles qu’il y a une sainte Vierge le dimanche.

Zuléma parlait un patois anglais incompréhensible, mais elle savait toutes les ordures françaises, et elle m’avoua, plus tard, qu’elle était née à Marseille. Ses parents l’avaient perdue dans une rue, un soir…

— Oui, comme les chats !

L’îlot se dressait hors de la mer, bouquet tendu par une main de mariée : fleurs d’orangers, fleurs de citronniers et verdure de tamaris tout autour, verdure de myrtes, plus verts encore, parce que les fleurs du milieu étaient pâles comme des gouttes de lait.

— Avec les chats !