Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/82

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Je biffai le mot grave devant indisposition pour crâner un brin.

Il examina le journal, l’œil ébloui, peut-être par l’éclat des lampes qui tiraient ferme, ce soir-là, j’en réponds.

— Petit, fit-il, la voix subitement sombrée, je ne sais plus lire.

Il avait parlé à regret, du ton d’un qui se confesse.

Comment diable peut-on s’y prendre pour ne plus savoir lire ?

Je me levai, posant ma plume, assez fier de ma mission, la mission de la marine de Brest : remplacer l’intelligence d’un vieux qui décline. Peut-être savait-on des choses à son sujet que j’ignorais. Un roublard pour la manœuvre, ce vieux, mais un sans école, pas capable de tenir ses petits comptes lui-même. De fait, je ne l’avais pas vu écrivant. Je me rappelais seulement un vilain livre de quatre sous qu’il prenait le soir, histoire de s’endormir dessus en attendant