Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/97

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se sépare de ses frères, un beau jour d’orage, sous la dent d’un congre ou parce que la main, remontant du fond, s’est pourrie à se crisper sur la planche du salut.

Bien souvent, les doigts se coupent à la phalange qui garde l’anneau. Les chairs gonflent, se déchirent, l’anneau, une alliance mince usée, fait l’office de couteau, scie peu à peu le petit os tendre déjà brisé par un dernier effort, et le doigt libre s’en va, droit comme flèche, indiquer la grande route du néant.

Enfin, je ne sais pas pourquoi il se trouvait là, le malheureux, mais c’était bien un doigt.

Je rejetai à la mer le contenu de ma casquette déjà remplie de moules, et je rentrai au phare vivement, parce que mon ventre me faisait mal… J’eus la colique durant deux jours !…