Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/110

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Voyons, mes pauvres, du courage ! Tâchez d’entendre quelque chose, celles qui ont l’oreille fine !

la grosse marthe (à voix basse) : J’ai entendu quelqu’un respirer !

la vieille angèle : Moi aussi !

la petite célestine : Moi aussi !

(Brusquement, les trois servantes s’élancent sur la galerie, la grosse marthe et la petite célestine dévalent en tourbillon par un escalier pendant que la vieille angèle, par l’autre bout, descend aussi vite que le lui permettent ses jambes cagneuses. madame demeure un instant consternée, une sueur froide lui coule des tempes. Enfin, n’y tenant plus, elle plante sa chandelle sur le seuil, se précipite à la suite de la vieille angèle. Et toutes ces femmes, les bras en l’air, les jupes bouffantes, se sauvent au hasard dans la campagne obscure, tandis que, ressemblant à un cierge funéraire, la chandelle continue à brûler sur le seuil béant de cette maison abandonnée.)