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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/113

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couronnée d’un liseré sombre à l’endroit de la cassure. Minée, mais depuis combien de temps ? Attaquée par quoi ? Cela ne lui a causé d’abord aucune souffrance, et maintenant elle se trouve plongée dans un de ces désespoirs qui, pour ne durer qu’un jour, n’en sont que plus terribles : elle a désormais une tare ! Une porte vient de s’ouvrir sur ses pensées, et elle ne saura plus garder certains mots qui jailliront, sans qu’elle le veuille, de sa bouche. Elle n’est pas vieille ; pourtant la Mort vient de lui administrer sa première chiquenaude.

Jetant les restes du croquet maudit sur le damier blanc et noir, le carrelage funéraire de la salle à manger, elle se sauve comme si elle se savait à jamais poursuivie. Chez elle, tirant soigneusement sa portière, elle s’enferme et se penche sur le miroir. Pour une dent !… Du calme ! Ce n’est pas si grave. Elle essaie de rire aux éclats, et elle se retourne épouvantée. Hein ? qui donc rit ainsi ? Qui