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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/119

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net de cristal et la femme de chambre surgit, effarée. À présent, on la délace, elle est seule ; il s’est retiré, ne demandant pas d’explications, sachant qu’elle est toujours nerveuse à la veille de faire ses dévotions. Elle demeure seule, elle couchera seule. Oh ! si seule avec ce secret ridicule !… Et le lendemain elle se réveille baignée de sueurs, elle a eu des cauchemars étranges : il lui semblait qu’elle mâchait sa propre chair. Elle prie, elle s’habille, défend qu’on attelle, choisit une voilette épaisse, met l’écrin rond dans sa poche. Elle ne veut pas s’en séparer. Si on fouillait ses meubles ?… Elle sort du parc touffu par une issue dérobée, gagne l’église à pas furtifs. Le vieux curé, un prêtre de campagne, un homme lourd, croit devoir la saluer avant d’entamer sa messe. Enfin, il l’attend, l’hostie entre ses gros doigts levés ; elle murmure : « Mon Dieu, donnez-moi l’oubli de ces vanités ! » Et elle s’avance, paupières mi-closes, s’agenouille. Oh ! l’Oubli et la Consolation !