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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/121

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ger. En repassant par le sentier ombreux du parc, elle pleure encore, quoique moins désespérée. Une sorte d’étonnante sécheresse monte de son cœur à ses yeux. Il faut bien que la mort s’annonce de temps en temps, sinon les gens heureux n’y songeraient pas ; et elle contemple un lis qui se dresse là, sous un sapin aux branches traînantes, un lis dont la blancheur maladive lui rappelle celle de sa dent défunte. Avec un profond soupir, elle retire le petit écrin rond de sa poche, elle le baise, creuse le sol, enfonce le minuscule cercueil qui contient ce premier morceau d’elle. Dégantée, elle pèse de toutes les forces de ses mains nerveuses, ramène la mousse autour du lis, efface les traces de l’ensevelissement ; puis, les lèvres tremblantes, elle s’éloigne, un peu de terre au bout des ongles…