Aller au contenu

Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tenant le paquet des cannes, des parapluies, ne disait rien, selon son habitude, mais il semblait fort préoccupé.

Quand on descendit, je courus vers la grille avec enthousiasme pour tirer la corde d’une cloche que je voyais serpenter le long de la muraille, et prendre ainsi possession de ce que j’appelais déjà la maison des vacances. Je savais qu’il n’y avait personne, puisque le vieux jardinier, son propriétaire, habitait la ville ; seulement, à douze ans, l’envie de tirer une corde est toujours irrésistible, n’est-ce pas ? et je sonnai furieusement. Alors sortit de derrière cette muraille, ornée de feuillage épais, un son grêle de clochette d’église, comme le rire aigu de quelqu’un tapi dans un arbre pour nous épouvanter. C’était à la fois si mesquin et si désagréable que j’en demeurai tout bête, les doigts crispés sur la baguette de mon cerceau, laquelle baguette j’avais la guerrière coutume de passer, en dague, à travers ma ceinture.