Aller au contenu

Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les meubles de cette habitation tombaient en poussière, datant pour le moins de l’époque mérovingienne. Quand on les frottait, ils rendaient des sons lugubres, se disloquaient tout seuls ou partaient en éclats.

Puis, petites aventures vraiment inexplicables, et que maintenant encore je n’arrive point à m’expliquer, les menus objets, dans cette bizarre demeure, disparaissaient, escamotés tout d’un coup comme par enchantement. Ma mère s’absentait-elle une minute du salon pour aller donner un ordre à la cuisine ? quand elle revenait elle ne retrouvait plus son dé. J’avais beau m’accroupir dans tous les angles et chercher pendant l’après-midi avec une lumière : c’était une affaire finie, le dé était perdu. Ainsi des ciseaux à broder, ainsi des pelotons, de laine. Papa, espérant se délasser de ses grands travaux d’écriture, voulut jardiner, et, dès qu’il mania des bêches, des râteaux, des sécateurs, il les égara. Tantôt c’était une pioche