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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/61

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château, les narines humant l’âcre parfum de la mousse verte qui les veloutait, nous étions beaucoup moins avancés qu’à mi-côte ; nous ne saisissions plus rien de l’ensemble, et les détails égaraient notre imagination au milieu des conjectures les plus stupides.

« Tournons ! » m’écriai-je.

L’un vira vers l’ouest, l’autre vers l’est. Nous devions nous réunir sous ce que j’appelais le chemin de ronde. Pour marcher, je me suspendais aux arbustes, aux touffes d’herbe, le terrain était extrêmement glissant, des pierres s’éboulaient entre mes jambes, allaient rouler jusqu’à la fontaine ou rafraîchissait le vin de la collation : on les entendait bondir de fossés en fossés, frapper des rocs et choir ensuite dans le feuillage comme des oiseaux morts. La terre s’effondrait sous mes pas, bizarrement friable, ruisselait en ruisseaux lourds, pleins d’une quantité de paillettes brunes et brillantes ressemblant peut-être aux écailles d’un gigantesque pois-