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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/63

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m’attendait !…Oui, je devais y venir un jour ! Je devais toucher la colossale muraille de mes pauvres mains impuissantes, cogner du front le granit pour appeler des gens que j’avais besoin de délivrer !… Et je prêtais l’oreille, je scrutais l’inexorable dureté de cette pyramide naturelle pour tâcher de surprendre quelque signal de reconnaissance !

Tous les sites sauvages vous donnent des hallucinations et d’instantanées monomanies de grandeurs. Quand on est seul sur une montagne, rien ne vous empêche de croire que vous êtes roi ! J’aurais pu effleurer, de ma guêtre, la cime d’un peuplier, et tout en bas j’apercevais madame Téard dormant sous son ombrelle blanche doublée de rouge, madame Téard grosse comme une coccinelle à tête rose !… Eh bien, alors ? Pourquoi n’abaissait-on pas le pont-levis ?… Enfin, le vertige me gagna, et, les yeux furieusement clos, je me remis à tourner.

Sous le chemin de ronde, Téard examinait