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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/77

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cheveux… (Silence.) Rien ! c’est à se briser le crâne contre la porte de ta prison, prisonnier impuissant qui te laisses insulter, toi qui demeures enfermé dans une coupe moins large que le sein de ma maîtresse. Et tu peux te délivrer, me délivrer ! (Il sanglote.) Seigneur, soyez bon ! je suis chétif, je ne vous brave que parce que j’ai peur ! Seigneur, ma mère m’a enseigné qu’il fallait vous demander le pain quotidien ; or, j’ai besoin de me nourrir de cette femme, et cette femme se nourrit de joyaux ! Vous qui destinez les brebis au loup, donnez-moi vos parures pour que j’en achète mon pain quotidien… (Silence.)

le juif (ricanant) : Jamais ivrogne ne s’est vu en face d’un pareil mur.

la prostituée (avec un geste d’ennui) : Il ne songe même pas que je suis décolletée. Il ne fait pas chaud ici…

le maudit (se rapprochant du tabernacle et délirant) : Toutes mes larmes pour vos pierreries, des siècles d’enfer pour un morceau