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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/92

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coups, les seins déchirés, sans vêtement. On les avait poursuivies comme des chiennes. Lancées à travers le désert, elles s’étaient ruées vers Gomorrhe à travers les sables brûlants. Beaucoup étaient mortes dans la fournaise de la plaine. Quelques-unes vivaient en pillant les vignobles. Pourtant aucune de ces maudites ne se repentait, car leur corps, fouetté de désirs insensés, jouissait des flammes du soleil et possédait un sexe aussi ardent que les secrets dessous de la terre.

Or, voici qu’une de ces chiennes affirmait de nouveau ses appétits d’homme en s’attaquant à un enfant qui lui ressemblait.

« Qui es-tu ? » lui demanda Horeb.

« Je suis Saraï ! »

Sinéus se voilait la face dans son coude replié.

« Que veux-tu ? » dit Phaleg.

« J’ai soif ! »

Ah ! Elle avait soif ! Ils se consultèrent du regard, mais leur père, farouche, leva son