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Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/74

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si tu es fatigué, repose-toi. Les patrons c’est des zigs ! T’as tout le temps de réfléchir. D’ailleurs, c’est nous les patrons. Vive la sociale !

Et ce frère, un peu titubant, lui poissa la main.

— Veux-tu trinquer ?

— Soit !

Ils trinquèrent. Les servantes émerveillées le regardaient boire. Il buvait sec ce jeune homme inconnu. Le bruit s’était répandu dans la petite ville que formait la ferme hollandaise qu’il dévorait des volailles entières comme un sauvage.

Une bonne le tira par la manche.

— Méfiez-vous de Clouel ! C’est un équipier de nuit. Il est toujours saoul et fait des bêtises. Surtout ne lui confiez rien de vos affaires. Les saoulards, c’est des mouchards, ils rapportent.

L’homme noir eut un sourire.

— Ah ! Combien vous dois-je ?

— Rien de rien, M. Davenel vous a ouvert du crédit. C’est un si brave homme !

— En vérité ? Cela m’honore beaucoup. Je suis traité comme un prince. Le gîte, le pain et le vin à discrétion. Ce n’est plus la peine de tuer les corbeaux.

— Quels corbeaux ? Mon Dieu, le pauvre ! Il