Aller au contenu

Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je suis écœuré par certaines émanations. J’en ai la fièvre, je vous jure.

Marguerite s’était assise à l’extrémité du promontoire, dans un bras du fauteuil de verdure pompadour, elle tordait une branche de saule autour du manche de son ombrelle et elle prenait la pose d’une jeune fée levant sa baguette pour métamorphoser un fleuve d’immondices en une rivière de diamants.

Cependant elle se taisait, perplexe.

Marguerite Davenel n’aimait point à parler de la Chose parce qu’il y avait le Mot.

Ces terres luxuriantes, aux végétations monstrueuses et aux rendements fabuleux, étaient empoisonnées comme ces ondes, coulant d’un noir mystérieux de résidus de grand-œuvre. Il fallait toute la magie de l’été, toute la clarté du soleil pour en oublier les dessous profonds, pareils aux creusets mêmes de la vie à l’horreur première et chaotique des limbes de la vie. Quand elle était petite fille, elle avait entendu des masses de discours sur la matière et lu, étant plus grande, des tas de comptes rendus très glorieux où l’on égalait les épandages au paradis terrestre. Cela ne lui laissait pas de souvenirs agréables. Elle avait toujours confusément