Aller au contenu

Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

seul instant, là, dans mes bras, en me regardant bien en face !… (Marie Faneau, interdite, demeura immobile, son teint se colora, sous son regard brûlant, sa pudeur, malgré elle, monta jusqu’à ses joues, venant du plus profond de son être. Comment se faisait-il que ce fou furieux qu’elle n’aurait pas dû écouter, ni daigner contredire, la tenait sous le charme effrayant de certaines phrases qu’elle finissait par admettre, sinon comprendre ? Elle entendait cela comme un chant indistinct, sans parole…)

— Oui, je sais, tu voudrais bien appeler ton frère pour te garer de mes divagations… en écoutant les siennes ! Il t’aime bien, ton frère, et c’est pour cela que je l’aime aussi. Marie, tu seras ma femme, et nous serons trois, la plus étrange des trinités passionnées. Tout ce que la terre peut porter de plus ardent et de plus inouï. Je veux tout ce que tu voudras et je m’incline d’avance devant ta douceur de belle résignée. (Il la jeta irrésistiblement à ses pieds, la faisant tomber sur les genoux du seul effort de sa main demeurée libre.) Voilà ! tu ne peux même pas résister à un homme blessé. Maintenant, tu vas pleurer, ce qui me consolera, me