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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/34

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sa vie sans la direction de son aînée, ses conseils, surtout la virilité de son exemple, il tremble de la perdre, soit par un mariage, soit par un de ces brusques revirements qui placent les femmes libres devant encore plus de liberté : celle de l’amour. Ivre de la mauvaise ivresse d’une victoire à laquelle il n’a pas du tout contribué, il ne rêve que noces et dancings. Il est le vibrant et joyeux petit cyprin de l’ « après nous le déluge ». Il se meut, là-dedans, comme dans son élément. Il est le vénusien né de l’écume rouge de la guerre. À peine adolescent, il a connu le désespoir charnel des veuves, le dévergondage des vieillards et le fameux système D employé par les gens les plus raisonnables. Rien ne l’étonne, rien ne l’attendrit. Il ne redevient naïf que lorsqu’il souffre. Ce qu’il gagne, en qualité de graveur, malgré son savoir-faire, ne peut être mis en balance avec ce qu’obtient Marie Faneau d’une vogue constante comme peintre de portraits, et il ne se sent sérieux qu’au moment précis où elle pourrait avoir la légitime envie de le mettre à la porte. Au demeurant, le frère et la sœur s’entendent fort bien, parce qu’ils ne sont pas des bourgeois. Ennemis, à cause de goûts très différents, ils restent des