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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/83

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Elle mit un tailleur très simple et roula ses cheveux fauves sous une toque de loutre, laissant traîner sur l’épaule comme l’oreille large d’un animal. Une voilette blanche éclairait son visage ; ses yeux brillaient, semblables aux fleurs de la menthe grise scintillant sous la pluie. Avait-elle pleuré ?

Ermance monta quatre à quatre selon son habitude.

— Mademoiselle, c’est le Monsieur du… pont. Il dit que vous l’attendez. Moi, je lui ai dit que ce n’était pas sûr.

Marie faillit rire, du fond de son envie de pleurer. Voilà que le marquis de Pontcroix, ce grand seigneur ombrageux, si plein de morgue, était relégué dans l’humble dynastie des innombrables Dupont !

— Faites-le entrer.

Elle le vit venir, de son pas souple, élastique, et elle lui découvrit un air plus jeune, plus triomphant, un air qu’elle ne lui connaissait pas

Est-ce qu’il allait imiter son portrait, maintenant ?

Il lui baisa les mains, appuyant à peine, selon la formule, puis il garda ses poignets, un ins-