Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/156

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idées de rébellion, je reconnais le souffle empoisonné de Satan et son goût de l’orgueilleuse pourriture charnelle ! Chrodielde et Basine se sont inspirées de ces figurines pour me vomir à la face leurs affreuses injures. Ce sont les dieux du bon vivre et des mauvaises sciences, les dieux païens, les pires démons. Je reconnais leur œuvre !

— Quelle œuvre ? Quelles injures ! demanda Marovée.

Et Leubovère, moitié pleurant, moitié grondant, agitant sa croix comme un bouclier parant des coups, conta la révolte des nonnes.

Marovée devint grave. Il la laissa se perdre dans les plus oiseuses considérations ; seulement, quand elle en arriva aux reproches directs, il l’arrêta d’un mouvement autoritaire.

— Ma sœur, dit-il sévèrement, nous ne pouvons pas douter de leur naissance. Basine est fille du roi régnant de Neustrie, et Chrodielde a perdu son père, le prince Charibert. Or, Basine, princesse de Neustrie, est toujours à craindre, car on lui a fait une grande injustice en lui rasant les cheveux. Elle pourrait reprendre son rang un jour. Tout est possible en ces temps de guerres intestines !

Leubovère se redressa, l’œil rougissant de colère.

— Quoi, mon père, vous, un homme de loyauté,