Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gieux, jusqu’à cet instant le gardien vigilant des reliques, s’endormit malgré ses accès et pendant son sommeil il aperçut un feu dévorant auréolant la châsse d’argent pur. Eut-il la pensée de sauver le bois de la Croix ou fût-il poussé par une curiosité irrésistible ? Il ne sut pas le définir, mais il se précipita sur le coffre de santal. Presque aussitôt les sceaux se rompirent, les liens tombèrent et il put l’ouvrir sans aucune violence. Il trouva la boîte de métal baignant dans une lueur extraordinaire qui s’éteignit sans lui brûler les mains. Il ouvrit également cette boîte, se pencha, espérant contempler enfin le fragment de la Sainte Croix glorieusement intact. Quelle ne fut pas son horreur de découvrir que la boîte était vide ! Il n’y avait plus rien ou il n’y avait jamais rien eu ! Ni bois, ni poussière de bois, ni aucun résidu de bois ! Le moine épouvanté chut à la renverse. Quand l’aube le réveilla sur les dalles de la chapelle, il constata que la tranquillité régnait autour de lui. La châsse reposait à sa place d’honneur, au milieu de l’autel, et personne, pas plus lui que d’autres, n’aurait su dire ce qui s’était passé. Que penserait l’évêque chargé de vérifier le contenu des coffres ? Que croirait Radegunde, la reine pieuse qui attendait le fragment de la vraie Croix