Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/245

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L’hiver s’avançait, dur à ce pauvre monde guettant nuit et jour sous la Grande Pierre où soufflaient les bises glaciales. Les chevaux paissaient des feuilles sèches, maigrissaient. On avait dû en abattre un pour nourrir les hommes. Le gibier se faisait rare et, les chasseurs perdant leurs peines en courses désordonnées, Harog ne voulut plus quitter son poste d’observation. Du haut de la Grande Pierre on apercevait la route de Tours. Chacun guettait, se relayant du soleil couchant au soleil levant… Mais ce n’était point par là qu’elles devraient revenir car Maccon, seigneur de Poitiers, peut-être avisé de leur retour, se préparait à les admonester aux portes de la ville et elles se souciaient peu de la rencontre.

Un matin, du côté de l’ancienne caverne d’Harog, un mendiant surprit une femme voilée qui cueillait des prunelles. Il en avertit le jeune chef.

— Il fallait l’arrêter, nous l’amener ! gronda Ragna très en colère.

— On aurait effrayé les autres. Laissons-les venir à nous, fit Harog d’un ton prudent.

En réalité, il voulait chercher lui-même.

L’angoisse au cœur, il partit seulement suivi de sa chienne.

Qui des deux princesses folles s’aventurait par