Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/250

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sous la tunique mal attachée, une gorge dure et pointue, sans presque de bouts de sein. Elle restait l’ange-garçon, la fillette trop tôt dépucelée que l’amour n’a pu faire épanouir en fleurs roses et blanches.

Ayant bu, mangé, elle s’assit près de lui, le poing sous son menton, commença d’une voix impérieuse :

— Chrodielde, ma cousine, nos sœurs Marconèfe, Helsuinthe, Famerolphe, Nanthilde, Visigarde et Isia, sont près de la vigne de Leubovère. Nous voulions rentrer au monastère cette nuit pour y étrangler l’abbesse, pendant son sommeil. Te voici. Cela change. Nous allons nous fortifier chez Marovée, que je crois favorable à l’abbesse, et nous le réduirons ! Nous étions parties quarante, nous revenons huit… c’est honteux ! Mais là-bas nous avons laissé les irrésolues : Constantina, fille de Burgolin, est entrée au monastère d’Autun ; beaucoup sont restées chez des parents, les unes se sont mariées, les autres prostituées à de mauvais garçons… Hélas, il en est peu qui se soient gardées chastes !… Chrodielde revient chargée de présents du roi Guntchramm qui l’a reçue avec les honneurs dus à notre rang. Moi, je rapporte mieux encore : l’espoir de nous venger toutes. Toi, tu m’aideras si