Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/252

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Il fallait partir, la conduire à sa petite troupe d’hommes sauvages qui, peut-être, lui manqueraient de respect, à elle, la princesse en costume de serve.

— Ne voudrais-tu pas te reposer encore ? Si nous attendions le jour ici ? Demain, nous irions chercher Chrodielde et les nonnes qui te feraient meilleure escorte que ma chienne ?

Elle lui laissait embrasser ses mains longues, très douces, se recourbant en dehors comme les pétales d’une fleur frisée.

— Harog, dit-elle la voix hésitante, j’aurais peur de dormir sans mes compagnes. Le troupeau des vierges est déjà si réduit.

Il la dévisagea, stupéfait. Avait-elle oublié les soldats de son père, celui qu’elle avait mordu au cou ?

— Nous irons donc ce soir à la Grande Pierre. Il n’est que temps de nous mettre en chemin. Ragna chasse de son côté. Je souhaite qu’il ait déniché ces colombes…

Il affectait un ton gai, mais ses yeux demeuraient taciturnes. Ou elle ne se souvenait plus, ou elle n’aimait rien.

— Harog, fit-elle, spontanément familière, ne t’offense pas de mes propos, je suis si fatiguée ! je veux dormir. Nos compagnes qui sont devenues nos esclaves nous portent des lits de laine cardée