Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/272

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D’un coup de pointe, Basine heurta la porte étourdiment. Elle s’ouvrit aussitôt. Trois flèches sifflèrent et des pierres jaillirent.

Il était bien interdit, en ce temps-là, de frapper à l’huis d’un rempart les armes à la main, sinon l’on s’exposait aux représailles.

— Par le tombeau de Radegunde, on nous reçoit comme des chiens, rugit Ragna de mauvaise humeur. Il faut que des chiens leur donne le mot de passe. A og ! A us ! Gombaud, Gerbaud, Baos, Faos, Ouros, Néreus, allez-y ferme, tenez bon… ce n’est que menu monde, après tout !

Les nobles bêtes partirent à fond de train, meute hurlante bousculant les veilleurs surpris et les quelques habitants de Poitiers écoutant le colloque par pure curiosité. L’un des gardiens, saisi à la gorge, enfonça son couteau dans les flancs de Gombaud, mais Gerbaud, arrivant à la rescousse, étendit l’homme sur la place durant que les veilleurs lâchaient pieds.

La troupe, formée en triangle par ses chefs, pénétra comme un coin, fit s’ouvrir la porte toute bâillante et les princesses entrèrent les premières, Basine ferraillant de la pointe, folle à l’espoir du carnage. Harog plongea sa lance dans un corps qui lui barrait la route, franchit ses deux chiens agoni-