Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/293

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et on jurait sans se soucier le moins du monde d’ouvrir cette porte, mais tous commençaient à se sentir libérés par ce langage furieux. La vie qu’on menait menaçait de s’éterniser, on respirait péniblement dans un air trop chargé de l’odeur de l’encens et de cette vague senteur de chairs en décomposition.

Harog frémit des conséquences que pourraient avoir des excès de violence contre les évêques, sans doute venus pour haranguer avant de sévir, selon leur usage.

— Qui commande chez nous ? s’écria-t-il, brandissant son couteau. Est-ce que l’on doit fouetter l’innocent sans savoir soi-même de quoi on est coupable ? Et de quel droit un pareil homme nous traite-t-il de lâches ?

Basine se jeta sur lui pour essayer de le désarmer.

— Silence, berger, laisse hurler ce loup qui va enfin s’user les dents, car il est chez nous une bouche inutile. (Elle ajouta plus bas :) Moi aussi j’ai envie de faire la guerre et de fouetter des gens. Seulement j’aime mieux que ce soit lui qui, le premier, en prenne le droit. Il faut sortir de cette église ou j’y deviendrai folle ! Ce n’est pas la place d’une future abbesse de demeurer parmi des filles de mauvaise vie.

Chrodielde déclara, impassible :