Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/298

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repentir !… Que le Saint Esprit vous fasse fondre en larmes de remords la cire de vos yeux, jeunes aveugles dont la beauté maudite a dû enflammer les regards de ces hommes que je vois rôder autour de vous comme des loups dévorants…

— Je ne suis pas un loup ! grommela Childéric, offensé de ce qu’on le comparait à cet animal. Je suis un ours. Un Saxon, c’est un ours…

Marovée, qui ne l’écoutait pas, reprenait :

— … les loups ravisseurs de votre pureté. Parlez donc, mes filles, dites-moi pourquoi je vous retrouve en si vile compagnie, vous les élues de l’abbesse Leubovère, destinées plus tard à fréquenter bienheureusement la société des saints. Voulez-vous véritablement que le pain de la communion vous soit retiré de la bouche en même temps que la sécurité soit extirpée de votre âme ?

À cet instant où Marovée s’arrêtait pour respirer, prêt à verser des pleurs sur les pécheresses, il se produisit un mouvement dans le fond de la basilique : des voix aiguës de femmes se disputaient, essayant de retenir quelqu’un qui avait voulu se précipiter en entendant prononcer le nom de Leubovère. C’était la recluse. Elle se traîna péniblement, accompagnée des suivantes des deux princesses qui se lamentaient, honteuses de leurs habits souillés,