Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/301

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de les avertir, de leur crier de sa bouche édentée, de ses yeux brasillants, de tout son cœur pourri suintant sur sa peau huileuse de reptile des cloîtres : Regardez-moi ! j’étais une femme d’église et je survis à mes croyances qui m’ont rongé le sein !…

Quand la rumeur de la foule se fut un peu apaisée, Basine dit, de son accent sonore de mauvais ange :

— Seigneur Marovée, je te remercie de ta prière, mais cette femme a répondu pour nous. Excuse son audace, les barbares traitements des abbesses l’ont sans doute rendue folle. Pour nous, nous ne rentrerons dans l’obéissance que lorsque Leubovère sera chassée de son monastère. Alors tu pourras choisir entre Chrodielde et moi. Nous sommes nées pour le trône sinon pour l’abbaye. Qu’il daigne t’en souvenir.

Ce mâle langage de jeune clerc instruit de ses droits, sinon de ses devoirs, fit le meilleur effet, et Chrodielde ajouta :

— Nos serviteurs feront justice d’une excommunication que nous ne méritons pas. Marovée, tu protèges une abbesse indigne, tu n’as jamais semé que la discorde par tes conseils, même du temps de Radegunde.