Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/316

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pant de l’épée les veilleurs qui ne se dérangeaient pas assez vite à leur gré sur leur passage.

— Nous serons bien reçus, dit Brodulphe paisiblement, nous rapportons de l’argent et de la viande.

— Vous rapportez le diable, rugit Soriel, qui essayait de ronger les cordes avec ses dents derrière lui.

Quand ils furent sur le parvis, ils donnèrent l’ordre aux mendiants s’empressant autour de leurs chevaux d’éclairer la basilique de torches nombreuses.

Le temps se faisant plus doux, puisqu’on approchait des fêtes de Pâques, Chrodielde et Basine, lorsqu’elle ne se montraient point dans Poitiers afin de tenir leur bon peuple en haleine, lui déployer des robes couvertes de broderies ou l’insulter par leurs poses altières, s’installaient sous un dais écarlate au centre des galeries de l’église. Là, étendues sur des carreaux précieux, les chiens vautrés à leurs pieds prêts à les défendre contre les attaques des corbeaux qui tourbillonnaient sans cesse autour de cette maison d’où l’on avait chassé les colombes de Marovée, elles se disputaient, s’injuriaient ou bâtissaient, d’une inexplicable entente pour la guerre, la colossale forteresse de leurs espoirs.