Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/323

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Il eut un éblouissement. Ses muscles se détendirent. Il soutint la femme qui allait glisser au gouffre…

— Excuse ma brutalité, Chrodielde, soupira-t-il tristement, se sentant vaincu dans cette lutte où le plus faible usait de moyens pervers, mais ne mens pas pour sauver ta vie, cela est indigne d’une fille de roi.

En bas, les cris continuaient plus étranges, on percevait les râles d’un garçon vigoureux et non ceux d’une pauvre fille déjà pleurante sous les coups. Est-ce que Soriel avait blessé un de ses bourreaux en se débattant ? Il le souhaitait de toute son âme… Chrodielde demeurait chancelante, le front sur sa poitrine.

— Je te remercie de me faire libre. Tu voulais me tuer ? (Elle ajouta se mettant à ses genoux et entourant ses jambes de ses bras ronds.) Écoute-moi… je suis jalouse de Basine depuis le jour où je t’ai vu la ramenant comme un avare qui a enfin retrouvé son trésor. Je suis jalouse de Basine depuis que je te sais son unique esclave, moi qui possède tant de favoris… Je t’en conjure, Harog, ne t’irrite pas de mes aveux. Je ne mens pas puisque tu m’as délivrée de ma crainte ?… Ah ! que nous serions vraiment forts tous les deux si tu savais vouloir