Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/344

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se cache de moi et tu me fuis encore mieux que tu m’aimes… si tu m’aimes ? As-tu pour moi les soins que tu as pour elle ? Est-ce que je ne sais pas que tu lui as dit de reposer au milieu de toutes les nonnes pour qu’elle ne demeure jamais isolée ?

— C’est parce que ces femmes, étant malades, ne vont plus courir chez les hommes le soir qu’elles se sont mises autour d’elle.

— Tu as réponse de viguier, mais je ne te crois point. M’aimes-tu de toutes les forces de ton cœur ?

— Je t’aimes de toutes mes forces…

— Seulement tu lui gardes ton cœur, Harog ?

Il ne répondit plus, lui baisant la bouche et la bâillonnant.

— Je redoute beaucoup, reprit-elle après un silence, que tu t’en ailles avec elle loin de la basilique. Que ferai-je pour diriger ces hommes dans tous les désordres qu’ils soulèvent chaque jour ? Boson ne m’obéit plus, Brodulphe m’a menacée d’un coup de hache un soir que je lui parlais sérieusement et Childéric se moque de moi. Quant à ton ami Ragna… il devient fou… Mais c’est encore le meilleur. (Elle ajouta, le ton traînant d’une petite fille :) Ce n’est pas toi qui m’offrirais la tête de l’abbesse.