Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

riorer et on sait que la marchande de blé n’aimait guère les dépenses inutiles.) Profitant donc de ce que la citerne demeurait vide, formait une prison d’où une femme infirme ne parviendrait point à s’échapper, quand le plein jour éclaira leur forfait les bandits de Chrodielde y descendirent l’abbesse et la laissèrent là pour charrier leur butin jusqu’à la basilique.

Un pur soleil rayonnait sur les rosiers sauvages du jardin, faisant s’ouvrir aux joies du printemps les fleurs innocentes, et des oiseaux chantaient pour saluer les bénédictions du ciel.

Basine et Méréra passant le seuil les dernières, se retournaient, cherchant des yeux Harog. Celui-ci les appela d’une voix gutturale. La femme et la chienne s’immobilisèrent, toutes deux épouvantées par ce visage d’homme étrangement convulsé.

— Basine ! Méréra ! je vous enjoins de rester ici ! fit-il, ses yeux sombres se baissant, car la lumière de ce jour le blessait de ses vives flèches.

La chienne courut à son maître. La femme hésita…, puis Basine, laissant retomber lourdement la porte de bronze, s’approcha, le pas lent, de cet homme qui l’effrayait par la pâleur comme transparente de sa face :

— Que signifie cet ordre ? questionna la jeune