Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/38

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Harog, soudainement ébloui, vit toute la vérité, tout son visage et tout son corps et ses deux pattes de lion blanc…

Harog reconnut, sans l’avoir jamais sentie peser sur son épaule, dans la main mystérieuse, celle de la reine Frédégunde[1].

Et, sagement, il sut se taire.

Rentrés au chenil, entourés de braves chiens hurlants, de porcs grognants et de volailles ébouriffées que l’on poursuivait la broche aux poings, les deux garçons se retrouvèrent plus à leur aise. Ils avaient un morceau de lard fumé couvrant tout un billot de chêne, un pot d’hydromel et du pain sortant du four. Ils mangèrent silencieusement, jetant des bribes à leurs bêtes. Méréra, la chienne, léchait son petit.

— La portée venue sous le toit du maître lui appartient, Harog, maugréa Ragnacaire, que le lard étouffait.

— J’emmènerai cependant la chienne et son petit.

— Harog, tu feras cela ? soupira Ragnacaire plein d’admiration pour l’énergie de ce berger, meilleur clerc que lui dans les affaires de succession.

  1. Frédégunde rapporta le fait au roi avec d’autres insinuations et demanda vengeance de Clodovech (Clodovech, frère de Basine). — Grégoire de Tours, Hist. eccl. des Francs, V, xi.