Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/49

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— Basine, murmura-t-il, posant un genou à terre, j’avais fait le serment de ne même pas lever les paupières sur toi et j’ai juré aussi de ne pas suivre trace royale, c’est-à-dire la route de ton père, que je n’aie épousé ma chienne Méréra ! (Il tira son couteau.) Cette lame fut frottée de l’herbe des douleurs… et elle a vu des choses cette nuit qu’un berger ne doit pas savoir. J’ai juré haine et mort par mon couteau. Désires-tu que nous te vengions ! Voici Ragna, mon meilleur compagnon. Il fait plier les jarrets d’un bœuf en révolte et il connaît dans les campagnes de Poitiers des hommes braves. Nous ne craignons rien. Nos secrets sont ceux des pays sauvages, des cavernes et des rochers déserts. Nous nous armerions de baguettes fleuries que nous serions encore certains de vaincre. Ce que mon couteau a vu peut faire jaillir une rivière de sang. Si j’ai mal compris ou si j’ai rêvé, instruis-moi.

Basine s’était assise sur la paille du chariot, allaitant le petit chien entre deux baisers. Elle paraissait une enfant amusée par ce discours violent au même point que par l’innocente gaucherie de la bestiole.

— Quel âge as-tu pour tenir ce langage d’homme d’armes ? demanda-t-elle en lançant derrière elle ses cheveux qui la gênaient.