Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/69

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tas grouillant de pauvres. Ce n’était bien sûr pas cette bête qui effrayait ces guenilleux ? Mais dans l’instant qu’il haussait les épaules, ce chat, maintenant de la grosseur d’un chien, tomba comme la foudre au milieu des mendiants et emporta un jeune garçon à sa gueule.

— Au loup ! cria le comte d’une voix de commandement.

Lui et tous ses serviteurs sortirent en tumulte. Le Seigneur Maccon ordonna la chasse. Il regrettait bien cette fatigue un jour de liesse, encore préférait-il poursuivre un loup au milieu de la ville que de tenir la campagne contre des incendiaires. Les portes des remparts furent fermées, les soldats se divisèrent en deux bandes. Les rabatteurs, frappant leur chaudronnerie pour étourdir la bête et les esclaves armés d’épieux, de lances, de couteaux pour le recevoir à ses retours. Seulement le loup maudit, un rusé solitaire venu afin de s’amuser aux dépens d’une foule, se cacha derrière des tonneaux qu’on mettait en perce le long de sa course et y dévora tout à l’aise une petite esclave de la maison d’un potier qui était sortie les bras encombrés d’une volaille. La volaille et la servante eurent le sort des deux enfants. Le loup grossissait, grandissait, se gonflait à vue d’œil. Quand il