Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Autour des murs de cette prison, j’entendais battre la marée humaine qui demandait mon sang pour effacer de simples paroles imprimées sur une feuille éphémère et je devinais bien que je ne pourrais jamais par la seule éloquence de ma jeunesse et de mes gestes de protestation me faire entendre ou comprendre d’un peuple furieux.

J’eus peur, je l’avoue, j’ai prié avec une fervente ardeur. Je fus sauvé par cette foi qui soulève des montagnes, par une très misérable mais très tendre manifestation de la confiance du fils perdu en son père enfin trouvé…

… Et par degrés, comme la mer se retire parce qu’elle a reçu l’ordre de ne pas franchir un seuil, la foule s’en alla comme elle était venue, poussant des clameurs de mort de plus en plus éloignées de ma personne et cette nuit-là elle dut tuer un autre prisonnier, une autre victime, parce que son heure n’était pas la mienne !

Et que dites-vous de ce geôlier, me glissant