Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/235

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Ma grande amie, pardonnez ma rudesse. Je suis indigné. Indigné de vos blasphèmes, de vos hérésies, de vos égarements volontaires.

Oui, je renonce à l’amour tel que vous l’entendez. Je renonce à l’aventure que je trouve abominable, à la rencontre de hasard, aux appétits du corps qui sont la marque de la bête, la souillure et la honte de la volupté. Oui, je suis chaste et j’ai le mépris de tous ceux qui s’avilissent en des contacts impurs. La plupart des hommes que je connais éprouvent une joie à entendre énumérer leurs maîtresses. J’aimerais, au contraire, entendre citer celles auprès de qui j’ai su vaincre la surprise des sens. Vous allez dire que je me contente de peu et plaindre la misère de ma sensualité. Le mérite que je m’attribue d’être fidèle, vous le trouverez ridicule. C’est pourtant l’intensité et la qualité supérieure de ma sensualité qui me distingue des autres et assure mon rayonnement. Il me protège contre les déceptions