Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/74

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étant un homme, de ne pouvoir ajouter foi qu’à mon seul instinct ? J’ai l’orgueil de songer, de temps en temps, que je vaux mieux qu’un caprice de la nature et que, sans nul doute, un dieu s’est penché sur le limon dont je suis pétri pour y insuffler une âme, comme on glisserait le germe d’un beau fruit dans la vase du grand Nil, ce limon fécondant de l’Égypte.

J’ai appris, de bonne heure, le pourquoi de toute désespérance et l’effroi des vouloirs tumultueux. Il faut connaître des lois, être conduit, dirigé par une idée maîtresse, si on veut, un jour, apprendre à conduire, à diriger soi-même ! Rien, madame, ne peut surgir du chaos sans un coup de lumière et si le monde en est sorti, c’est qu’une aube divine est venue en rafraîchir les ténèbres.

Vous n’admettez ni commencement, ni fin, à un monde qui est loin d’être parfait ? La naissance et la mort sont seulement, pour vous, la manière de ponctuer la littérature de la vie ? Mais