Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/78

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pauvres bougres, et je pus rester près de six mois, caché au centre même de la ville, sans qu’ils me découvrissent. Les autorités espagnoles militaires et civiles, détestaient les démagogues mes compatriotes. Elles se faisaient une joie de protéger ma retraite et de répondre, aux réclamations de Lisbonne, qu’elles m’expulseraient volontiers si l’on pouvait leur indiquer l’endroit où je me cachais.

Cette situation n’était pas sans inconvénients. Je menais une vie abominable. Je ne pouvais sortir que le soir, entouré de mille précautions. Cette claustration, incompatible avec mon tempérament, ruinait ma santé. Je m’énervais, je m’impatientais, j’aspirais ardemment à la liberté. Je voulais rentrer dans mon pays, me battre, risquer ma vie mais en plein air, au soleil, en agissant. L’immobilité forcée m’était insupportable et aussitôt que la nuit venait, je fonçais dans les ténèbres, comme le vent dans une fenêtre ouverte.