Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pensées. Sa boutade me fit sourire mais en même temps, malgré moi, mon horizon s’élargit et mon regard embrassa d’un seul coup l’immensité de l’espace. Oui, c’était grand et beau ! Des milliers de mondes vivaient et évoluaient à côté du nôtre, mus par une même force inconnue, animés par un souffle mystérieux que nul, jusqu’ici, n’avait su définir. Les hommes, les choses, la Terre entière, nos luttes de partis, nos ambitions et nos craintes, nos souffrances, nos regrets, nos victoires, nos amours éphémères, que tout cela m’est apparu petit, mesquin, fragile, et méprisable ! Pour la première fois, je doutai de moi. Sur quelle base solide s’étayaient donc mes convictions bruyamment proclamées en de vains discours dont le tumulte des phrases, la résonance des périodes, cachaient l’inconsistance des arguments et le vide d’une idéologie construite par des primaires boursouflés de vanité ou aveuglés par la sotte ambition de nier tout ce que l’in-